dimanche 13 mai 2012

Run baby run

Je ne sais pas ce qui m'a pris samedi matin.
Je n'ai rien trouvé de mieux à faire que d'aller me perdre durant 6h en forêt.
Non, non, pas pour gagner quelque chose. Juste pour la satisfaction enorgueillie d'avoir réussi.

Alors voilà. Tout est parti de cette petite phrase lancée avec 4 amis "Tiens, ça pourrait être sympa de se faire une course d'orientation en équipe ?"

Inscription, quelques vagues footings de décrassage, un rapide rappel de positionnements de boussole lors d'un bbq et une spaghetti party la veille.

On est fin prêt pour la Rogaine ! [Rugged Outdoor Group Activity Involving Navigation and Endurance]

La pression commence un peu à monter quand on arrive samedi matin : tout le monde est méga équipé et en a pour plus d'une barre de fringues sur eux.
Bon, nous, on les trouve un peu has been avec leurs collants de running et leurs manches longues. Surtout que le soleil tape fort.
Comme c'est pas la première fois que l'on remarque un suréquipement des Québécois en matière sportive, on se gausse un peu (ah ah trop nul) et on trépigne d'impatience.




À 9h30, la carte topo avec les emplacements des balises nous est donnée. On a 1/2 heure pour définir notre super stratégie. Côté stratégie, j'en profite surtout pour faire des photos et manger une banane.

10h, départ, top chrono !
Aaaah, les dingos, ils partent tous en courant. Faut courir ? Ok, c'est parti.
Manque de bol, la première balise est en haut d'une colline. Ça fait donc pas 10 minutes qu'on a commencé et on est séché. Merde.

On poinçonne notre carte à points, un coup d'eau et  on se démotive pas, zou !

Avouons que la première partie (j'entends par là les 3 premières heures) se déroule sans souci, le sourire au visage, avec des balises placées dans de beaux spots et une progression vaillante.


Les choses ont commencé à se gâter quand on a petit à petit vu nos mollets partir en lambeaux, lacérés par la végétation vivace des Laurentides. C'est là qu'on a compris l'intérêt de porter des collants has been.

Puis, on s'est rendu compte aussi que l'heure tournait bizarrement très vite tout d'un coup et il a fallu alors songer au retour.
Car s'il y a une chose qui est importante dans ce type de course, c'est de respecter le chrono. Et 16h est notre deadline du jour. Ceux qui arriveront à partir de 16h01 perdront 10 points/minute.
Arriver à la bourre vous fait donc perdre vos points durement gagnés en moins de temps qu'il ne faut à une mouche noire pour vous mordre (les &k jdf*v0# sont de retour !).
Ok, on rentre ! Surtout ne pas être en retard et tant pis pour les balises.

Mais pourquoi la carte devient-elle foireuse ? Pourquoi ce sentier s'arrête-t-il subitement ? C'est bizarre quand même tous ces arbres et tous ces buissons sur le chemin...
Et voilà, il est aux alentours de 14h30 et on est complètement perdu. C'est la grosse cata. On tente bien de faire signe à un hélico mais il nous ignore largement. On fait tous la tronche, déjà dégoûtés par la projection anticipée de notre arrivée à 23h, moribonds ou mangés par les loups, escortés par les pompiers et l'armée, subissant l'opprobre suprême sous la huée des autres 71 équipes...

Mais chers amis, l'humain est incroyablement preux et gaillard.

Après une galère interminable de progression minable dans une forêt dense comme de la crème de marrons, on retrouve le chemin. Bénédiction !
Toutefois, nos troupes sont rudement éprouvées et nous sommes dans l'obligation de nous séparer.

L'équipe des filles, qui a encore du carburant dans les gambettes, reprend la route. Enfin la route. Le p***** de chemin oui : du dénivelé en veux-tu en voilà, une nouvelle plongée dans les broussailles, du foulage de chevilles, des chapelets de jurons...
Mais surtout le check de la montre car on avec toutes ces aventures, il est 15h44. Il nous reste 2 kilomètres.

L'avant-dernier kilomètre est dans les sous-bois, un petit chemin plat, presque agréable qui nous donne des ailes : malgré les pieds qui chauffent, les jambes griffées, le sac à dos dans lequel l'eau se fait rare, on se met à courir.

15h51, arrivée sur la route, il reste 1 km. L'horreur absolue. Je ne lâche pas la montre des yeux. D'autres équipes sont autour de nous et courent en direction de l'arrivée. Qu'on ne voit d'ailleurs toujours pas, l'arrivée. La route semble infinie. Les derniers mètres sont atroces.
Mais enfin ! Les tables des bénévoles, les autres équipes, l'eau...
Je jette le papier à la madame en lui soufflant le numéro d'équipe. "15h56, c'est beau !", m'annonce-t-elle.

Hourra !!!

Au secours.

C'est seulement après 20 minutes, plus quelques verres de thé glacé, une orange et des cookies, qu'on se sent un peu revenir à la vie.
Et c'est d'ailleurs à ce moment là que l'équipe des gars arrive, perdant eux malheureusement pas mal de points. De notre côté, le classement n'est pas non plus exceptionnel mais très honorable pour une première.

Aujourd'hui, mes ampoules et mes muscles me rappellent l'effort d'hier. Et surtout des moments intenses et forts de la journée passés entre amis.

C'est sûr, l'an prochain, on se trompe pas de chemin et on met des collants.

Bon, après 20 minutes,

6 commentaires:

  1. Bravo ! Une fan anonyme :)

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  2. Waouh ! Quelle fierté ma fillotte et quelle volonté admirable ! Le mental, tout est dans le mental et accessoirement dans les mollets aussi. Bravo et encore bravo a l'equipe des filles volontaires.

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  3. @Anonyme : Merci !
    @Mum : on en a soupé mais on l'a fait !

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  4. En tt cas tu m'as fait trop rire, tu racontes drolement bien, je suis fan aussi!! :-)

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